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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/81

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métal fort blanc, entre l’étain et le plomb, avec trois toits l’un sur l’autre ; la porte est ornée, d’un côté, de la figure d’une vache, et de l’autre, d’un monstre extrêmement hideux. Cette pagode est assez longue, mais fort étroite : lorsqu’on y est entré, on n’aperçoit que de l’or ; les piliers, les murailles, le lambris et toutes les figures sont si bien dorées, qu’il semble que tout soit couvert de lames d’or. La forme générale de l’édifice est assez semblable à celle de nos églises : il est soutenu par de gros piliers : on y trouve, en avançant, une espèce d’autel, sur lequel il y a trois ou quatre figures d’or massif, à peu près de la hauteur d’un homme, dont les unes sont debout et les autres assises, les jambes croisées à la siamoise. Au delà est une espèce de chœur où se garde la plus riche et la plus précieuse pagode du royaume : car on donne indifféremment le nom de pagodes aux temples et aux idoles. Cette statue est debout, et touche de sa tête jusqu’au toit ; sa hauteur est de quarante-cinq pieds, et sa largeur de sept ou huit. Tachard assure qu’elle est toute d’or ; mais on ne l’en croira pas : il ajoute, sur le témoignage des habitans, que ce prodigieux colosse a été fondu dans le même lieu où il est placé, et qu’ensuite on a construit le temple. Il a peine à s’imaginer où ces peuples, d’ailleurs assez pauvres, ont pu trouver tant d’or[1], et sa douleur est qu’une seule idole

  1. Nous verrons dans la suite de cet article, dans les re-