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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/90

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viron vingt mille, et qu’ils ne portaient pas moins de cent mille hommes. D’autres Français assurèrent qu’il y avait plus de deux cent mille personnes. Lorsque le roi passa sur la rivière, toutes les fenêtres et les portes des maisons étaient fermées, et les sabords même des navires. Tout le monde eut ordre de sortir, afin que personne ne fût dans un lieu plus élevé que le roi. Ce prince voulut être du combat qu’il avait proposé ; mais, comme son ballon était fourni d’un plus grand nombre de rameurs et des mieux choisis, il remporta bientôt l’avantage, et son ballon rentra victorieux dans la ville.

Huit jours après il sortit encore de son palais avec la reine et toutes ses femmes, pour se rendre à Louvo. C’est une ville à quinze ou vingt lieues de Siam, vers le nord, où ce prince passait les deux tiers de l’année, parce qu’il y était plus libre qu’à Siam, où la politique orientale l’obligeait de se tenir renfermé pour entretenir ses peuples dans le respect et la soumission. Le seigneur Constance, qui avait vu les lettres de mathématiciens que Louis XIV avait accordées aux six jésuites, avait résolu de leur accorder une audience particulière à Louvo. Il les fit avertir de s’y rendre avec leurs instrumens. Deux grands ballons furent envoyés pour prendre leurs bagages, avec un autre à vingt-quatre rameurs pour les porter. Ils partirent le 15 novembre.