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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/91

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À deux lieues de la ville ils rencontrèrent un spectacle nouveau sur une vaste campagne mondée à perte de vue. C’était un convoi funèbre d’un fameux talapoin, chef de la religion des Pégouans. Le corps était renfermé dans un cercueil de bois aromatique élevé sur un bûcher autour duquel quatre grande colonnes de bois doré portaient une haute pyramide à plusieurs étages. Cette espèce de chapelle ardente était accompagnée d’un grand nombre de petites tours de bois assez hautes et carrées, couvertes de carton grossièrement peint et de figures de papier. Elle était environnée d’un enclos de bois carré, sur lequel étaient rangées plusieurs autres tours d’espace en espace. À chacun des quatre coins il y en avait une aussi élevée que la pyramide du milieu, et deux plus petites à chaque côté du carré. Tachard en vit sortir plusieurs fusées volantes. Les quatre grandes tours, posées aux quatre coins du grand carré, étaient jointes par de petites maisons de bois peintes de diverses figures grotesques, de dragons, de singes, de démons cornus, etc. De distance en distance, entre les cabanes, on avait pratiqué des ouvertures pour laisser entrer et sortir les ballons. Les talapoins de Pégou, en très-grand nombre dans leurs ballons, occupaient presque tout l’espace qui était entre le bûcher et le circuit du grand carré. Ils avaient tous l’air grave et modeste, chantant de temps en temps, et quelquefois gardant un profond silence. Une mul-