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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/92

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titude infinie de peuple, hommes et femmes indifféremment, assistaient derrière eux à cette fête mortuaire.

Une fête si nouvelle et si peu attendue fit arrêter quelque temps les Français. Ils ne virent que des danses burlesques et certaines farces ridicules que jouaient les Pégouans et les Siamois sous des cabanes de bambou et de jonc, ouvertes de tous côtés. Comme il leur restait quatre ou cinq lieues à faire, ils ne furent témoins que de l’ouverture du spectacle, qui devait durer jusqu’au soir. Ces honneurs qu’on rend aux morts parmi les Siamois leur donnent un extrême attachement pour leur religion. Les talapoins, que Tachard traite de docteurs fort intéressés, enseignent que plus on fait de dépenses aux obsèques d’un mort, plus avantageusement son âme est logée dans le corps de quelque prince ou de quelque animal considérable. Dans cette persuasion, les Siamois se ruinent souvent pour se procurer de magnifiques funérailles.

Les mathématiciens arrivèrent de bonne heure au logement où ils devaient passer la nuit. Le pays leur avait paru extrêmement agréable. En suivant le canal qui a été creusé dans les terres pour abréger le chemin de Siam à Louvo, ils avaient découvert à perte de vue des campagnes pleines de riz ; et lorsqu’ils étaient entrés dans la rivière, le rivage, bordé d’arbres verts et de villages, avait attaché leurs yeux par la plus agréable variété.