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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/104

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— La poudre est trop rare,
Faut la ménager !


fredonna Jean de Paris.

Cependant, une grande conférence, ou pour mieux dire, un kabar avait lieu au vent du manguier, sur le terrain découvert qui servait de glacis au Fort-Dauphin.

Le chef d’Acondre, l’un des plus grands orateurs de l’île Malacassa, dit que les Français avaient abandonné leurs murailles et leurs canons, qu’ils allaient probablement périr sous les flèches et les massues de Manambaro, mais qu’enfin, à tout événement, l’on ferait bien de s’emparer de leurs fortifications.

Un vieillard d’Imahal objecta que l’on n’avait pu compter les soldats, et qu’un seul homme suffirait pour faire partir un canon ; mais l’orateur, qui avait grand envie d’être maître du fort pour dominer la presqu’île, entraîna tous ses sujets comme un seul homme.

— Voici notre tour ! dit le Napolitain au Provençal. Ils avancent en masse… ils croient la batterie abandonnée… Hohé ! mon fiston ! ne te presse pas trop, entends-tu ?…

— Sois calme, Colletti, je ne serai jamais pressé de sauter avec une si grosse musique, répondit le Provençal.

En ce moment, le Napolitain, jugeant l’instant favorable, posa le boute-feu sur la lumière, et la mitraille faucha une foule compacte, à la tête de laquelle se trouvait l’ambitieux rohandrian d’Acondre.

— Écouvillonne, Provençal !… Tu en as le temps ! cria Colletti en courant à son second canon.

Mais tandis que le brave Provençal écouvillonnait, un voadziri, excellent archer, lui décocha une flèche qui lui perça les deux tempes.

— À toi le soin de la poudrière ! dit-il en tombant sur l’affût.