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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/105

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— Malefica !… fit le Napolitain avec fureur.

Un Malgache de la tribu d’Imahal s’écriait, en encourageant les siens, que le seul gardien des canons était mort. On le crut.

Le Provençal fut alors cruellement vengé par une seconde décharge qui mit en déroute presque tous les insulaires.

Colletti courait au magasin à poudre, de crainte d’avoir le sort de son camarade, si pour écouvillonner et recharger, il se plaçait devant l’embrasure.

Une nouvelle palabre eut lieu sur les glacis ; elle dura longtemps.

Les canons n’étaient plus chargés, disaient quelques insulaires, un chargeur était mort frappé d’une flèche, trois cadavres de Français venaient d’être trouvés, Franche-Corde avait cinq hommes avec lui.

— Eh bien ! il en reste un dans le fort.

— Reculerons-nous devant un seul homme ?

La nouvelle se répandit qu’un Français venait d’être fait prisonnier par le rohandrian d’Horrac-Anossi. Cette nouvelle était fausse ; mais au bout d’une heure de discussions, – le crépuscule du matin commençait à poindre alors, – une immense multitude se dirigea vers le Fort-Dauphin en poussant des cris de victoire.

— Tenez, camarades, dit alors avec désespoir le sergent Franche-Corde, je suis un âne, un idiot, je ne mérite pas de vivre, je m’assommerais moi-même, si je pouvais !

— Que diable as-tu ? demanda Jean de Paris, le caporal.

— J’ai que le capitaine m’a donné son fort à garder et que les autres vont le prendre. Colletti et le Provençal ont eu raison, j’ai eu tort… Si encore j’avais pu me faire sauter !…

— Je gage que le Napolitain est dans la poudrière, dit Brise-Barrot, et qu’il attend le bon moment. – Possible !… Eh bien !