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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/114

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Pologne !… Mais, franchement, ce n’était pas la Pologne, à moins qu’elle n’ait voyagé comme l’île de Saint-Brandan !…

— Au fait, chevalier, au fait ! dit Béniowski.

— Pardon, général ; si Mademoiselle voulait nous faire servir le thé, nous n’en causerions pas plus mal.

Aphanasie s’empressa d’appeler Vasili, Chat-de-Mer et Petrova, qui, rassemblés dans une tente voisine, s’entretenaient des grands événements de la journée et se demandaient entre eux ce que signifiait le nom de Ra-Zaffi-Ramini donné par la princesse Flèche-Perçante à leur glorieux général.

Le thé servi, le chevalier, tout en caressant Grand-Merci roulé entre ses jambes, développa son thème et raconta comment les deux petits-fils de Ramini et de sa femme, Rahadzi et Racoubé, arrivèrent successivement à Madagascar. Le premier, digne ancêtre du comte de Béniowski, avait une vocation prononcée pour la navigation et les grandes découvertes. Il équipe une flotte de soixante vaisseaux et part, laissant le soin de l’éducation de son jeune frère au plus savant docteur de Mangaroro. En même temps il ordonne aux grands du royaume de l’élire roi s’il n’est pas de retour lui-même avant dix ans, ou si l’on voit revenir sa flotte avec des voiles rouges. – Rahadzi, au bout de dix ans de navigation, revient au port, mais ses marins ont oublié de mettre les voiles blanches ; le bruit de sa mort se répand aussitôt, et le jeune prince est couronné roi de Mangaroro.

— Votre relation, chevalier, est de l’histoire ancienne.

— Notre descendance d’Adam et d’Ève est plus ancienne encore.

— Racoubé, couronné par erreur, est saisi d’épouvante en apprenant le débarquement de son frère. Il charge un vaisseau de richesses et s’enfuit. Rahadzi en fut très-contrarié : – Petit imbécile ! s’écria-t-il avec humeur, je ne lui aurais pas