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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/128

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La gaîté franche du major Vincent charme l’assemblée de famille. Il porte des toastes aux valeureux compagnons du vicomte de Chaumont !…

— À vous-même, par conséquent, brave chevalier ! dit le vicomte avec chaleur.

— À Maurice, à mon second père, à notre sauveur, à notre meilleur ami ! s’écrie Aphanasie.

Quelques instants appartiennent ainsi à l’oubli des souffrances. Maîtres et serviteurs se réjouissent. Flèche-Perçante, aimable prophétesse, annonce aux nouveaux époux une félicité sans fin.

On veut la croire et l’on sourit à ses promesses.

Toutes les illusions sont permises aujourd’hui encore.

Mais demain, dès demain, sur le seuil, la vigilante Destinée agitera de nouveau son urne ; demain, elle jettera d’une main inexorable ses mystérieux décrets sur chacun des convives qu’elle a réunis un jour autour du banquet de noces.

— À vous, jeunes époux, que la fortune comble de dons et de faveurs, à vous un lot scellé du cachet que le temps seul a le droit de rompre !… L’avenir vous sourit. Vous avez choisi la meilleure part ; vous voulez, loin des regards profanes, vivre l’un pour l’autre dans les solitudes Chaumont-Meillant. Mais est-il de ciel sans nuages ? n’aurez-vous plus de traverses, ni de malheurs ?…

— À toi, Béniowski, l’ambition et les dangers glorieux ! à vous, Salomée et Wenceslas, des devoirs inconnus !… Faible enfant, tendre mère, le vaste Océan et ses bords lointains vous attendent. L’heure du départ approche ; elle sonne. Adieu !…

Et ceux qui étaient assemblés pour une fête fraternelle vont se séparer à jamais peut-être.

Demain des larmes succéderont aux toastes joyeux. – Les