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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/148

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grognard, je connais vos griefs contre ce philoubé, plus faible encore qu’il n’est méchant. Le premier, il vous a bien accueilli ; depuis, influencé par des traîtres, il vous attaque. Laissez-moi le ramener à notre cause. C’est par la douceur et la persuasion que je me propose d’établir mon autorité. De sévères représailles seraient aujourd’hui plus nuisibles qu’utiles.

— Approuvé ! mordious !… s’écria le chevalier du Capricorne, fêté par ses soudards et ravi d’être enfin au milieu d’eux ; cette vertu-ci est à son rang.

Franche-Corde cessa de grommeler.

Béniowski se trouva bientôt en présence des principaux philoubés des Zaffi-Rabès d’Antimaroa, préparés par le discours de Flèche-Perçante à se fier en sa magnanimité.

— Vous avez été trompés, continua Béniowski ; vous avez fait une guerre injuste à mes soldats. Nous découvrirons, plus tard, je l’espère, les coupables qu’il conviendra de punir. Aujourd’hui, je vous pardonne le passé, pourvu que vous vous engagiez solennellement à me reconnaître, comme seul représentant du roi de France. – Je ne viens pas vous asservir, loin de là ! Je me propose de faire régner la concorde dans l’île entière de Madagascar, de rendre votre commerce plus florissant, d’apaiser vos querelles intestines, de concilier vos intérêts, de mettre un terme aux guerres acharnées qui vous divisent, vous ruinent, vous affaiblissent et risquent de vous faire tomber sous le joug de quelque nation puissante, ennemie de votre indépendance. – Jusqu’à ce jour, les Européens se sont mêlés à vos différends pour en profiter ; je veux faire naître l’accord entre les races diverses qui peuplent Madagascar, et grâce à l’alliance protectrice du roi, mon maître, vous élever à un degré de prospérité inconnu encore dans votre grande et féconde terre.

Ce discours, appuyé par la présence de trois cents baïonnettes,