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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/149

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d’un brig de douze canons, du trois-mâts le Desforges qui portait aussi quelques bouches à feu, et enfin d’une batterie d’artillerie volante dont le major faisait débarquer les pièces sur le rivage, produisit des effets bien différents.

Quelques chefs, et entre autre le faible Effonlahé, parurent convaincus, et témoignèrent une sorte de repentir ; la défiance des autres était au contraire surexcitée, et le philoubé Siloulout, homme brave, astucieux et plein d’ambition, s’avança entre les deux troupes.

— Tu viens nous porter la paix, s’écria-t-il, pourquoi donc débarquer avec une armée et des canons ? – Une femme nous dit que tu es le vrai Râ-amini, pourquoi es-tu chrétien ? Pourquoi viens-tu au nom du roi de France ? – Tu ne veux pas de divisions parmi nous, pourquoi déclares-tu la guerre à ceux qui repousseront ton alliance ?

— Mordious ! murmura le chevalier, voici un drôle qui va gâter les affaires… Mais un kabar est un kabar !… Le général écoute avec calme… Voyons !… et soyons parés à batailler tout à l’heure.

— Des amis paisibles viennent s’établir parmi nous, continuait Siloulout avec ironie ; voyez ! Ils sont sans armes, ils ne feront que le commerce ; ils ne demandent qu’un petit coin de terre pour y bâtir quelques cases… Et ce soir, ajouta le philoubé avec audace, leurs canons seront braqués derrière leurs palissades ; demain ils creuseront de larges fossés ; ils bâtiront une citadelle comme Fort-Dauphin !… Ils nous empêcheront de trafiquer librement !… Ne vous souvenez-vous pas que ceux d’Anossi sont venus dans nos villages nous défendre de traiter avec d’autres que Râ-amini… Et pourquoi ? – pour que leur Râ-amini soit seul maître et seul riche à nos dépens !…

Le kabar est toujours une trêve. Béniowski, comme le che-