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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/168

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déserts d’où elle n’était sortie que par une espèce de miracle[1].

Le jugement qui frappa Kerguelen fut, dès-lors, regardé par une foule de gens comme partial et dicté par un sentiment d’animosité qu’on s’expliquera aisément. Le roi Louis XVI voulait être sévère, et n’intervint avec équité que plus tard.

Les rapports de M. de Ternay accablaient Kerguelen, et par contre-coup Béniowski. Le baron de Luxeuil, victime du capitaine de vaisseau disgracié reçut en dédommagement le commandement de la frégate la Consolante.

Le loyal capitaine de vaisseau Cerné de Loris, ami de Kerguelen, au lieu d’être nommé contre-amiral, fut mis d’office à la retraite.

Le lieutenant Kerléan n’avait reçu aucune récompense.

La coterie hostile était donc toujours maîtresse de la situation.

Le vicomte écrivit, fit plusieurs fois le voyage de Paris, plaida plusieurs fois la cause de Béniowski auprès de M. de Sartines, fut éconduit en des termes qui lui prouvèrent les mauvaises dispositions du Ministère, et ne dissimula point à Aphanasie les craintes qu’il concevait.

Deux années entières s’écoulèrent ainsi.

Un jour enfin, Petrova, désormais femme de charge de la maison dont Chat-de-Mer gros, gras et fleuri, était cocher, parut portant un paquet cacheté aux armes de Béniowski. La famille s’assembla ; madame de Nilof lut d’abord une assez courte lettre de son fils Alexandre ; le vicomte donna ensuite lecture d’un volumineux mémoire épistolaire résumant l’histoire de l’établissement.


« Victoire ! et grande victoire, enfin ! – écrivait le glorieux

  1. Léon Guérin. – Histoire maritime de la France.