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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/17

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un modèle de piété, de charité, de vertus chrétiennes

— Doucement ! interrompit le baron d’Ozor. Si la pénitence de sainte Rixa ou Richenza est édifiante, son long règne ne l’est guère.

— N’exagérez point, je vous en prie, s’empressa d’ajouter la maîtresse de la maison. Sainte Rixa fut sévère et certains écrivains l’accusent de cruauté ; mais j’aime mieux croire les légendes pieuses qui nous représentent, comme une femme d’un beau caractère, la mère du grand Casimir Ier.

— Je suppose, Madame, que sainte Salomée doit être aussi quelque illustre reine de Pologne ou de Hongrie, dit le vicomte, qui ne perdait pas de vue le but de sa digression à travers le martyrologe.

— Eh quoi ! vous, l’ami intime d’un Polonais, vous ne connaissez pas même le nom de l’illustre patronne de la Pologne ! Sainte Salomée était la fille du roi Leszeh-le-Blanc et la sœur de Boleslas-le-Chaste ; elle épousa le roi André II, de Pologne.

— Admirablement ! Madame, s’écria le vicomte ; je vois que, par une heureuse combinaison, vous avez trouvé le moyen de ne point faire de jalouses parmi les saintes qui protègent votre famille.

De sainte Salomée à Salomée Hensky, la transition était facile ; un concert de louanges se fit entendre aussitôt. Caractère aimable, cœur enthousiaste, douceur, tendresse attentive, finesse, enjouement, chacun doua de quelque qualité la gracieuse jeune fille.

Le vicomte avait eu tout le loisir de juger de ses charmes. On lui parlait de ses nombreux talents : elle était excellente musicienne, fort instruite, habile à tous les ouvrages qui conviennent aux femmes.

Ajoutons à cela une fortune princière, pensait Richard, je ne vois guère ce qui peut manquer à ma belle Hongroise.