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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/18

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Il eut soin de se faire renseigner sur la généalogie et les alliances de la famille Hensky : sa noblesse égalait l’antiquité de son château-fort.

— Parfait ! murmura le vicomte, qui ne manqua point de parler de sa naissance, de sa fortune et de ses espérances de fortune représentées par les imposants revenus de sa vieille tante. Il alignait ainsi ses jalons. – Maintenant, poursuivit-il en aparté, déployons notre esprit, Maurice fera valoir le reste en cas de besoin ; car, de deux choses l’une : ou je me guéris radicalement avant mon noble ami, ou je tombe gravement malade pour être obligé, moi aussi, de séjourner au château des Opales.

— Vos Karpathes sont de superbes montagnes ! disait-il en même temps.

L’on en était à la simple causerie. Le vicomte faisait du paysage hongrois, sautait à pieds joints dans le parc de Versailles, parlait de la cour de France, puis de celle de Vienne, se lançait dans l’éloge de la reine Marie Leczinska, débitait des anecdotes, et surexcitait son éblouissant entrain par de nombreux petits coups de Tokay.

La pétillante Rixa s’amusait à ravir. Casimir Hensky et le baron d’Ozor, son gendre, étaient égayés ; la châtelaine et la baronne sa fille aînée agréablement distraites par les propos, souvent décousus, mais toujours aimables du jeune voyageur.

Cependant, Salomée venait de pénétrer dans la chambre du comte de Béniowski, à qui la vieille intendante du château prodiguait ses soins. Vasili était aussi près de lui. La fièvre redoublait ; une maladie plus sérieuse était à craindre.

— Monsieur le comte, dit Salomée en entrant, je viens remplir auprès de vous un fort étrange message ; mais, sur la proposition de M. le vicomte de Chaumont, votre ami, je suis char-