Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors, il fit de lui-même amende honorable, reconnut ses torts, en rejeta la faute sur les émissaires de l’intendant Maillart et me supplia de lui rendre ma bienveillance.

« – Il n’a tenu qu’à moi, lui dis-je, de te faire renverser par les princes de ta nation ; tu serais mon esclave si je l’avais voulu ; j’ai préféré ton amitié. Sois donc fidèle à l’avenir, je te protégerai comme un frère !…

« Hiavi se mit à genoux et baisa le pan de mon manteau, il fit le serment de m’être dévoué jusqu’à la mort et jura qu’il me livrerait les émissaires de M. Maillart si jamais il en venait encore me calomnier à Foule-Pointe.

« Après quatre jours de fêtes et de kabars, poursuivant ma route vers le Sud, je mis pied à terre à Tamatave, vis-à-vis de l’Île aux Prunes, sous le dix-huitième degré de latitude ; j’étais encore à plus de cent cinquante lieues marines du Fort-Dauphin.

« Tamatave, où le sergent Jambe-d’Argent s’était établi depuis quinze jours dans une méchante baraque, entourée de palissades, est un des points les plus importants de l’île pour la sûreté de sa rade, et par l’heureuse disposition du terrain sur lequel on pourrait asseoir avec facilité une place de guerre formidable. – J’y avais provisoirement un sergent, un caporal, trois Français et vingt-cinq soldats noirs. Je n’en fus pas moins reçu comme un grand chef dont on vint de toutes parts briguer l’alliance.

« Trente princes de nations diverses me saluèrent à la fois du nom de Râ-amini.

« – Ne m’appelez pas ainsi, leur dis-je. Je ne veux, ni ne puis être que votre allié, que votre frère !… Représentant du roi de France, je ne dois avoir d’autre titre que celui de gouverneur.

« – Renies-tu donc ton sang et ta gloire ?