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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/207

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— Sauvages ! murmura Scipion-Marius Barkum fort désappointé.

Le roi Cimanour, tirant un magnifique sabre damassé dont le tranchant le fit frémir, poussa un cri de rage :

— Le feu aux herbes ! commanda-t-il.

Mais le vieux routier canadien avait en soin de se ménager l’avantage du vent ; il parcourait au galop les derrières de l’aile gauche en criant :

— Feu contre feu ! Restez dispersés ! Attention au tambour !

Des tourbillons de flammes et de fumée s’élevèrent dans les airs. Les craquements des bambous se firent entendre. Guy-Mauve Gobe-l’As battit la charge. L’aile gauche, sur les cendres brûlantes encore, se précipitait vers les palissades. Scipion-Marius Barkum faisait décharger au hasard ses canons ; les Sakalaves tiraient de même dans le nuage de fumée.

Béniowski, posté par le travers du vent, était garanti de l’incendie par la rivière et par plusieurs arpents de terrain sablonneux. Il envoya Jupiter porter l’ordre à l’aile droite de se réunir aux troupes du major.

À la faveur de l’incendie, l’aile gauche s’était approchée des fossés.

— À l’assaut… la charge, mon petit tambour ; à l’assaut, mordious ! Vive Ra-Zaffi-Ramini !

Flèche-Perçante montée sur un cheval noir, agitait le drapeau rouge, emblème de la guerre parmi les Malgaches, elle criait vive Râ-amini.

La mitraille des Hollandais, la fusillade nourrie des Sakalaves fauchaient des files d’assaillants ; mais Franche-Corde, Sans-Quartier et Jambe-d’Argent avaient rasé les fossés, gravi les talus, atteint les palissades.

L’herculéen adjudant en avisa une qui lui parut moins solide