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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/206

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— Tu réponds de la victoire sur ta tête ! s’écria Cimanour d’une voix menaçante qui donna beaucoup à penser au capitaine Scipion-Marius Barkum.

Le major, à défaut de ses vieux et fidèles grognards, avait du moins sous ses ordres cent Anossiens fanatiques, Franche-Corde, et environ cinq mille guerriers, entre lesquels on remarquait Raoul, Rafangour du sang de Ramini, Effonlahé dont la faiblesse n’excluait pas la bravoure, et enfin Dian Rassamb, venu de Fanshère à travers mille obstacles pour combattre sous les ordres de son frère Béniowski.

Dès que l’on eut franchi la rivière, le major harangua les chefs de sa nombreuse division :

— Pas de colonne où un seul coup de canon ferait des trouées, leur dit-il, disséminez votre monde, et à sauvage, sauvage et demi ! je suis un vieux soldat du Canada ! je m’y connais !… Les herbes sont hautes, ça va bien, mordious !… – À plat ventre, mes serpents malgaches. Attrape à ramper jusqu’aux palissades, et pas un coup de fusil, autrement que par les fentes à bout portant !… – Au premier coup de baguette, dispersez-vous ! Au second, ventre à terre !… – La charge, c’est en avant les serpents ! la retraite voudrait dire en arrière, le roulement, immobiles ! Qu’on se le répète sur toute la ligne.

Scipion-Marius Barkum avait posé quelques matelots hollandais derrière chaque canon. Suivi par le roi Cimanour, il se porta dans le camp que menaçait l’aile gauche, Il attendait le moment de commander le feu. Mais il fut fort désappointé par la manœuvre inattendue des gens du chevalier qui se tenait à cheval en arrière et n’avait gardé près de lui que Guy-Mauve Gobe-l’As le gamin de Paris.

Au premier coup de tambour, l’aile gauche s’éparpilla dans la plaine ; au second, elle disparut.