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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/214

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— Je l’espère bien comme ça, mille feux de tremblements du démon !… Si je rends le salut, ce ne sera qu’avec des boulets ramés, monsieur Venturel ; et si vous avez peur de vous compromettre, faites votre sac, allez à bord de la frégate. Vous y direz à monsieur le baron de Luxeuil, qu’en l’absence du comte de Béniowski, la place de Louisbourg est sous le commandement du major Vincent du Sanglier, chevalier du Capricorne, gouverneur du Fort-Dauphin, vice-roi d’Anossi et propriétaire de cette flamberge qui perfora M. de Pierrefort !

L’adjudant Venturel ne se fit par répéter deux lois un ordre si agréable ; usant de la permission de son chef direct, il fut un quart-d’heure après, avec sa malle, à bord de la Consolante où M. le baron de Luxeuil, commandant, messieurs de Bellecombe et Chevreau, commissaires du roi, l’état-major et l’équipage entiers commençaient à s’étonner de la rare impolitesse des autorités de Louisbourg.

— Je connais de longue date M. de Béniowski, disait Luxeuil ; attendez-vous donc, Messieurs, à rencontrer de sa part l’opposition la plus opiniâtre.

— Nous venons, cependant, au nom de Sa Majesté.

— Le flibustier du Kamchatka, de Formose et de Madagascar, Messieurs, n’est guère disposé, j’ai déjà eu l’honneur de vous le dire, à se soumettre à la volonté royale.

— Mais en ce cas, M. le baron, que faire ?…

— J’ai demandé des troupes à M. de Ternay qui, je n’y conçois vraiment rien, n’a pas jugé convenable de m’en accorder et prétend que le général obéira sans résistance. Nous pouvons, croyez-moi, retourner à l’Île-de-France.

Ce débat durait encore lorsque le capitaine Venturel monta sur le pont et y remplit à la lettre les instructions du major.

— Monsieur, s’écria Luxeuil aussitôt, retournez au fort sur-le-champ et proclamez, au nom du roi, la destitution immé-