Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diate du major, que vous nous amènerez ici sous bonne garde !

— Très-bien ! très-bien ! dirent les deux commissaires avec un touchant accord.

— Mais, Messieurs, objecta l’infortuné Venturel.

— Obéissez ! interrompirent les trois chefs.

Venturel est sa malle reprirent la route du Fort-Louis.

Le chevalier du Capricorne, en le voyant revenir, partit d’un éclat de rire fou :

— Eh bien, mon pauvre capitaine, on ne veut pas de vous là-bas ?

— Pardon, commandant, mais on vous y voudrait aussi et sous bonne garde ; je vous invite donc, au nom du roi, à me suivre.

— Soupons d’abord ! Capitaine, votre promenade à bord de la Consolante a dû vous ouvrir l’appétit ; madame la chevalière se meurt de faim ; à table !

— Mais je dois vous ramener immédiatement.

— À votre aise !… Emmenez-moi, si vous pouvez… refusez mon souper, rapportez votre malle… Mordious ! quand ce matin, je filais à travers bois, laissant un pan d’habit ici, une épaulette là, mon chapeau dans les buissons et la moitié de ma culotte aux épines des cactus, je ne m’attendais guère à rire, ce soir, de si bon cœur…

— Que faire ? ô mon Dieu ! Major… par pitié, que faire ?

— Soupez !… et couchez ici !… car une fois la retraite battue, la porte ne se rouvrira pas pour vous !

— Permettez-moi, commandant, de proclamer votre destitution, au nom du roi !

— Quand la soupe sera servie ! mordious !… ce sera drôle !

Le chevalier du Capricorne, qui avait retrouvé au Fort-Louis une partie de sa garde robe, refit sa toilette, cacheta l’enveloppe d’un assez gros paquet à l’adresse du baron de Luxeuil,