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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/219

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— J’ai plus court à votre service ! répliqua le major.

Sans-Quartier, qui savait être grave au besoin, s’avança en présentant deux poignards hindous presque aussi larges que longs, tranchants comme des rasoirs et à la pointe recourbée.

— C’est une horreur ! s’écrièrent les deux officiers de la Consolante.

— Messieurs, dit le major, j’ai passé la rapière que voici par le travers du corps à M. Sabin Pistolet de Pierrefort qui en a réchappé. Il me faut un duel d’où l’on n’en revienne pas ; aussi ai-je pris pour témoins deux hommes qui en veulent à M. le baron depuis longtemps. Arrangez-vous avec eux.

Les témoins du baron proposèrent deux épées d’officier de marine.

— Pas de ça ! dit Jambe-d’Argent. Nous avons droit au choix des armes ! – Mordious ! s’écria le chevalier impatienté ; je veux bien de vos outils, mais à une condition : c’est que le combat ne s’arrêtera pas pour une piqûre… Je vous en préviens, je veux tuer M. le baron et je ne le lâcherai que mort… bien mort… archi-mort ! – C’est un combat de sauvage cela !… dit un des officiers. – Je le suis ! répliqua le major en découvrant les tatouages brésiliens de sa poitrine.

La condition fut acceptée par Luxeuil, qui depuis près de deux ans faisait des armes tous les jours. Il était beaucoup plus jeune et plus souple que le chevalier, mais celui-ci était plus fort et non moins adroit.

Luxeuil combattait en gentilhomme, Vincent du Capricorne en sauvage. Luxeuil ne desserrait pas les dents, mais le major poussait des cris farouches en faisant des bonds étranges qui forçaient son adversaire à pivoter sans cesse sur le talon gauche.

— Ce n’est pas ainsi qu’on tire l’épée !… dit avec colère un officier de la Consolante.