Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/221

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blessé, serait vraisemblablement dans l’impossibilité de venir à bord.

— Il a bien fait cinquante lieues malgré sa blessure ! répliqua fort sèchement M. Chevreau.

Alexandre s’inclina profondément et se retira.

L’on rapportait en ce moment le corps du baron de Luxeuil à bord de la Consolante, dont l’officier en second prit le commandement. Le baron n’était pas aimé par ses subalternes. Les commissaires du roi, en dernier lieu, avaient eu à se plaindre de lui ; personne à bord ne regretta sa perte ; mais l’officier qui lui succéda le fit inhumer avec tous les honneurs dus à son rang et à son grade. Après la cérémonie, les commissaires du roi, fort peu désireux de se rendre à terre, se consultaient entr’eux, lorsque le capitaine Venturel se présenta.

Il était porteur de la démission de Béniowski, écrite en entier de sa main, et conçue en ces termes :


« Messieurs les commissaires du roi,

« Après quatre années de bons et loyaux services, il plaît à Sa Majesté de me retirer le commandement de ses forces dans l’île de Madagascar ; je m’incline respectueusement devant son royal bon-plaisir.

« Je me tiens prêt à remettre le commandement des troupes, forts, postes et comptoirs à tel officier qu’il vous conviendra de désigner.

« Mais n’étant entré au service de la France qu’à l’unique fin de fonder à Madagascar une colonie militaire et commerciale, la démission de mon commandement implique celle de tous mes services et me dégage de mon serment d’obéissance aux ordres de S.-M.-T.-C.

« J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint l’état détaillé des