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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/230

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sonne au prix de leurs vies, contre la violence des Français !… »

— Mordious ! fit le chevalier, il y a Français et Français, maître Rafangour !… Vive le général !…

— Vive le général ! cria toute la garnison.

— Ah !… ma pauvre retraite dans mon village de Rouergue ! – soupira le major Venturel ; plus je vais, plus je te vois compromise !

Rafangour s’était rassis. Après lui, Dian Rassamb, frère de Béniowski par le serment du sang, le roi Rozai, que reconnaissaient tous les Sakalaves des frontières soumis depuis le commencement de la dernière campagne, un catibou lettré qui, attiré à l’Île-de-France pour y enseigner le malagazi aux pères de la mission, en revenait converti au catholicisme par le fervent Alexis, le vénérable Eliézer au nom du Zaffi-Hibrahim, et quelques autres prirent successivement la parole en suppliant Râ-amini de consentir à être le roi des rois de la grande île de Madagascar.

Le dernier des orateurs fut Raoul, qui conclut en ces termes :

« Moi, Raoul, chef des Zaffi-Rabès, envoyé vers toi par les philoubés de nos nations unies, je demande que tu nous accordes un kabar public pour y recevoir l’hommage de notre fidélité et de notre obéissance. Je suis encore chargé de te prier de ne plus déployer le pavillon blanc, mais le bleu, en signe que tu acceptes de bon cœur notre soumission. »

— Doucement ! mordious ! doucement !… dit le chevalier du Capricorne du haut de son hamac. N’allons pas trop vite en besogne !

Béniowski, profondément touché de la démarche spontanée des Malgaches, médita en silence pendant quelques instants ; les officiers, les soldats et les indigènes attendaient sa réponse avec une égale anxiété.