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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/248

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grands dangers, ne pars pas !… reste parmi tes enfants !…

« Leurs lamentations et leurs larmes ébranlèrent ma résolution, – a dit Béniowski, – mais, hélas ! ma destinée l’emporta !… »

Les pleurs, les cris, les sanglots redoublèrent lorsqu’il sortit de son habitation royale et se dirigea vers l’Aphanasie, prête à mettre sous voiles.

La foule s’assemblait sur la rive ; des clameurs de deuil, des plaintes déchirantes furent entendues alors de toutes parts. – Ne pouvant maîtriser ses émotions, Béniowski se voila la face.

— Oh ! la vertu !… dit Vincent du Capricorne en passant la paume de sa main sur ses cils humides. – Mordious ! mes pauvres camarades, notre roi des rois n’a jamais eu qu’un défaut, mais plus gros qu’un 74 !… Vertueux !…

Franche-Corde, Sans-Quartier, Jambe-d’Argent et leurs valeureux compagnons parurent unanimes à cet égard. – Il s’agissait à cette heure d’aller prendre possession du royaume du midi. Guy-Mauve Gobe-l’As battit le pas accéléré. Leurs Majestés Capricorne Ier et Flèche-Perçante montèrent à cheval. – On partit.

C’était le 14 décembre 1776. –

Alors, l’Aphanasie disparaissait à l’horizon, emportant le comte et la comtesse de Béniowski, leur jeune fils Wenceslas, leurs serviteurs, Alexandre de Nilof, dont le cœur battait de l’espoir de retrouver Rixa Hensky, plus gracieuse que jamais ; enfin, un certain nombre d’officiers ou de soldats français qui avaient demandé d’être du voyage.

Les yeux fixés sur les rivages de la grande île qui s’effaçait dans le lointain, pensif et roulant des pensers inquiets, l’aventureux Maurice-Auguste était en proie à des pressentiments sombres comme les nuages de la nuit. Il s’éloignait d’un peuple