Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son voyage en Europe, entrepris dans le dessein de conclure un traité d’alliance et de commerce avec le roi de France ou celui de toute autre nation. Béniowski devait ramener des hommes habiles dans les divers arts et métiers, et prendre toutes les mesures qu’il jugerait utiles pour l’avenir de ses peuples. Les Rohandrians jurèrent de rester fidèles à leur ampansacabe, quelle que fût la durée de son absence, et de ne contracter aucun traité avec les Européens sans son consentement. Ils déclarèrent, en outre, qu’après une année et demie, ils cesseraient de souffrir aucun établissement dans leur île. – Capricorne Ier avait chaudement poussé à cette motion. Ils exigeaient enfin que leur ampansacabe s’obligeât à revenir, qu’il réussît ou non dans son entreprise, et qu’en cas de retards, il leur donnât de ses nouvelles.

Béniowski, profondément ému, prêta serment avec une sincérité qui fut inébranlable.

— Je reviendrai au milieu de vous ! Peuples de Madagascar, je reviendrai, ne serait-ce que pour mourir sur votre terre, ma patrie, ma seule patrie désormais !… Je le jure sur la tête de mon fils, je le jure sur le salut de mon âme, je le jure par le sang de mes ancêtres et par le nom du Dieu éternel !… – Mais si je mourais loin de vous, je voudrais encore que mes ossements vous fussent rapportés, et j’adjure ma femme, mon fils, Vasili mon fidèle serviteur, et tous les amis qui m’accompagneront, d’accomplir cette volonté sacrée !… – Peuples de Madagascar, votre bonheur à venir est mon seul vœu, mon unique ambition, ma vie et mon âme !…

Le roi Capricorne, qui conserva toujours son franc parler, n’ayant cessé d’exprimer ses craintes, Rafangour, Raoul, Dian Tsérouge et quelques autres des plus dévoués, se jetèrent à genoux et fondirent en pleurs.

— Ô notre père ! s’il est vrai que tu doives courir de si