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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/254

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— Arrêtez ! n’entrez pas !… La retraite devrait être battue… Le soleil est couché… Levez le pont-levis !…

C’est en vain que le commandant donne ces ordres, la farandole est déjà sur le pont-levis ; elle entre, elle est entrée !

— À moi ! s’écrie alors Flèche-Perçante.

Les danseuses se précipitent sur le commandant, qui décharge ses pistolets, prend la fuite, et ne doutant plus du complot, s’évade par la poterne de mer.

— Ah ! mordious !… Il s’est échappé… s’écriait Capricorne.

— À la nage ! Il est à bord de la Triomphante.

— Tant pis ! mort de ma vie !… Mais enfin, camarades, nous voici rentrés dans la place !… Aux postes de combat !

Guy-Mauve Gobe-l’As bat la générale. – Franche-Corde, revenu tout exprès de Matatane, Jean de Paris, Sans-Quartier, Jambe-d’Argent sont sous les armes. La garnison est enchaînée avec des guirlandes de fleurs, et Vincent du Capricorne prononce un discours dont les conclusions sont pleines de charmes :

— Double paie ! double ration ! paix, confiance et plaisir !… Buvez, dansez, amusez-vous !… Et ne faisons pas les mauvaises têtes… Votre commandant Frangon avait volé par surprise mon Fort-Dauphin ; je reprends mon bien où je le trouve ! Escamotage pour escamotage !… mais je ne retiens ici de force personne. – Ainsi, qui voudra, pourra dès demain aller à bord de la Triomphante, dont le capitaine est de mes anciens amis.

Bien petit fut le nombre des soldats qui s’en allèrent sur le corvette, où les matelots racontaient en riant l’aventure de le veille.

Stéphanof, furieux, voulait que le capitaine Kerléan le remît en possession du fort.

— Monsieur le commandant, je ne puis, avec la meilleure volonté du monde, reprendre la place avec ma corvette de charge, répondit Kerléan ; mais j’ai l’avantage de connaître