une grande décharge d’armes à feu autour du poste des aventuriers. Les canons tonnèrent. D’épouvantables clameurs sauvages retentirent. – Béniowski fit lancer des fusées pour demander du secours.
— Du diable si je m’y frotte ! s’écria Barkum. J’ai déjà eu dans ce chien de pays assez de fâcheuses affaires.
À ces mots, il leva l’ancre. À terre une grande bataille se livrait évidemment. Non-seulement autour d’Antangara, mais jusqu’à plusieurs milles du rivage, on entendait la fusillade, on apercevait des incendies dans les bois. – Des cris désespérés retentirent.
La voix tonnante de Béniowski héla Barkum.
— À terre ! à terre !… criait-il avec fureur.
Mais l’Intrépide se chargea de toile et prit le large.
Le surlendemain pourtant, après de mûres réflexions, considérant que les armateurs de Baltimore pourraient s’en prendre à lui de tout le désastre, Barkum s’avisa de revenir dans la baie.
Un calme sinistre régnait d’une extrémité à l’autre de la plage. Une chaloupe fut envoyée en découverte ; il fut constaté que le poste d’Antangara était ruiné de fond en comble ; chacun reconnut que le comte et son parti avaient dû être taillés en pièces.
Sur quoi, Scipion-Marius Barkum dressa procès-verbal, chargea son navire de bois coupés par ses gens, de bétail qu’on prit sans peine et de diverses denrées abandonnées çà et là par des insulaires. – Ensuite, il gouverna sur l’Île-de-France, où le bruit de la catastrophe se répandit dès son arrivée dans toutes les habitations.
— Après neuf ans, l’opiniâtre Béniowski avait osé revenir à Madagascar !
— Tant va l’aventurier, qu’il trouve sa dernière aventure.