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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/285

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La redoute de Foule-Pointe était armée de deux gros canons, Béniowski les fait charger à mitraille et ordonne aux guerriers indigènes de se porter à la rencontre des Français. – Il s’ensuit une lutte.

La plupart des chefs fidèles ont péri ; dès le premier feu, les Fariavas, les Zaffi-Rabès et les Sambarives se débandent.

Le commandant Frangon a sous ses ordres deux compagnies d’infanterie et un peloton de marins. Autour de son drapeau se rallient déjà tous les Européens et mulâtres de Foule-Pointe.

— Mais… oh ! mon Dieu… mon père est perdu ! s’écrie Wenceslas avec désespoir.

La communication est entièrement coupée entre la batterie légère et la redoute.

— Que faire, maintenant ? demande Wenceslas au gabier Trousseau découragé.

— Dame ! mon lieutenant… toutes ces peaux noires lâchent pied ; à nous deux nous n’arrêterons pas les Français… Et puis, entre nous, je ne me soucie pas d’être pris les armes à la main contre la France ; ce n’est pas pour ça que je me suis engagé… Vous êtes aux trois quarts Français, M. Wenceslas… par conséquence… – Mais, holà ! regardez donc, par là bas, sur la montagne…

Wenceslas, glacé d’horreur, ne voyait que les troupes françaises qui se dirigeaient par un chemin creux vers la redoute, où Béniowski et Vasili, seuls maintenant, échangeaient ces paroles :

— Abandonne-moi, Vasili ! va sauver mon fils !

— Ensemble, général, ensemble ! car je ne vous abandonnerai jamais !…

— Vasili, par pitié, obéis à mes derniers ordres !…

— Si j’ai le malheur de vous survivre, général, oui, je vous obéirai ; mais…