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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/297

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Quelques aventuriers déportés comme rebelles et des négresses malgaches, leurs compagnes, en formèrent la première population ; il leur expédia des bœufs de Madagascar. – Telle fut l’origine misérable d’une colonie demeurée française et qui est aujourd’hui si florissante. Mais à son vif regret, il ne put faire planter le pavillon du roi sur l’île Maurice, depuis Ile-de-France, alors au pouvoir des Hollandais, qui ne l’évacuèrent qu’en 1712.

Flacourt résida pendant sept années à Madagascar, avec titre et qualité de directeur-général de la Compagnie française de l’Orient et commandant pour le roi de la grande île et des îles adjacentes. – Il explora par terre ou par eau une vaste partie du territoire et presque toutes les côtes, il se mêla incessamment aux querelles des indigènes avec l’espoir, trop souvent déçu, de trouver des alliés puissants et fidèles. Le Fort-Dauphin soutint plusieurs sièges mémorables, et les aventuriers de la garnison firent dans l’intérieur plusieurs campagnes héroïques, entre lesquelles il faut citer l’admirable retraite de douze soldats français, qui, sous les ordres du sergent La Roche, résistèrent à une armée de six mille Madécasses armés de dards et de sagaies.

Déjà les indigènes s’approchaient pour les massacrer, après les avoir surpris en rase campagne, lorsque le sergent se mit en devoir d’opposer une résistance désespérée.

La Roche et ses compagnons, se jetant à genoux, chantèrent l’hymne Veni creator spiritus. Dix ou douze nègres et une négresse, qui étaient avec eux, se mirent aussi à genoux en se recommandant à Dieu. Ensuite, les Français s’embrassèrent en se demandant pardon les uns aux autres, et commencèrent, par une vive fusillade, à faire reculer leurs ennemis.

« Pendant leur prière, dit Flacourt, les autres les considéraient, jetaient devers eux des bâtons blancs, des œufs couvés, et faisaient mille conjurations et imprécations, ayant cette superstition de croire que, par ce moyen, le courage de ces Français serait diminué, et que même ils demeureraient immobiles et sans défense. Ce qui arriva autrement, car ils se battirent en retraite depuis deux heures après-midi jusques à sept heures du soir et tuèrent plus de cinquante nègres des plus