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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/34

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de France, qui ne se doutait guère d’être si bien représenté en sa grande Île de Madagascar.

Après avoir réparé tant bien que mal les remparts qui faisaient face à la terre, le chevalier allait s’occuper de la construction d’une barque pour se mettre en communication avec les îles de France et de Bourbon, Sainte-Marie et la baie d’Antongil, lorsque survint la Douairière, montée par le vicomte Richard de Chaumont-Meillant.

— Si vous vouliez être mon amiral, lui dit-il, nous ferions ici des merveilles. La plupart des naturels sont bien disposés pour nous ; secondez-moi ; nous donnerons à la France une colonie qui ne tardera pas à compenser la perte de notre puissance dans l’Inde.

— Chevalier, répondit le vicomte, j’ai auparavant quelques affaires à régler au Kamchatka…

— Au Kamchatka ! répéta Vincent du Capricorne avec stupeur.

— Peu de chose, il s’agit tout simplement de délivrer d’esclavage mon frère d’armes et mon meilleur ami, le comte de Béniowski, magnat de Pologne et de Hongrie, homme de cœur, excellent marin, qui, par la suite, pourrait nous être fort utile à Madagascar. Venez avec moi, nous le tirerons d’embarras ; ensuite nous nous occuperons à nous trois de vos grands projets.

Le chevalier Vincent du Capricorne, qui, jusqu’alors, s’était estimé à l’égal des plus illustres chefs de flibustiers, demeura un instant abasourdi.

— Parlez-vous sérieusement ? demanda-t-il.

— La Douairière, équipée aux frais de feue ma grand’tante, sa patronne, n’a pas d’autre mission que la délivrance de mon ami… Après quoi, je la mettrai volontiers à votre service.