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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/33

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en 1769, au moment où le fort Dauphin venait d’être évacué par le comte de Maudave.

— Camarades ! s’écria le Gascon, la place est libre, tant mieux ! laissez-moi manœuvrer, nous serons bientôt au pays de cocagne.

Sur quel point de la côte le chevalier Vincent eût-il établi sa résidence, s’il eût trouvé dans le fort une garnison de troupes régulières ? il n’en sut jamais rien. Il commença par rehisser le pavillon de la France et par se procurer des interprètes, chose facile aux alentours du fort ; puis, en diplomate africo-indo-brazilian, en coureur d’aventures habitué à palabrer avec des sauvages, il s’ingéra très adroitement dans les affaires du pays.

Dian Tsérouge, chef de Manambaro, avait rendu de bons offices au gouverneur français, M. de Maudave ; ses voisins d’Imahal, Acondre et Andravoule le menaçaient. Vincent du Capricorne se met en campagne, bat les ennemis et les traite en vainqueur magnanime.

Il y eut au milieu des ruines du fort Dauphin un festin de paix et d’alliance offert par le capitaine gascon, qui n’eut pas besoin d’être grand orateur pour charmer ses hôtes ; il leur montra ses tatouages et ses balafres, après quoi il les grisa.

Ses interprètes, d’ailleurs, dirent du bien d’Abraham, de Mahomet et surtout de Ramini, le prophète créé par Dieu avec l’écume de la mer. Pour prix de ces belles paroles, Vincent du Capricorne obtint des chefs toutes sortes de concessions ; il avait fait des esclaves, on lui en donna d’autres ; le naufrage d’un pirate anglais qui fut pendu en grande cérémonie, lui procura un certain nombre de canons.

À plus de vingt lieues à la ronde, du pays des Ampatres jusqu’aux montagnes des Machicores et à la vallée d’Amboule, il fut reconnu par les indigènes comme gouverneur pour le roi