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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/57

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tude par le plus honorable traité, pièce à décharge qui fut remise au président avec la lettre suivante :


« Monsieur le comte,

« Il ne me suffit point d’avoir signé le traité ci-joint. Je tiens à vous déclarer que vous êtes un vaillant marin et un galant homme indignement calomnié par des gens qui avaient égaré mon jugement. Votre conduite modérée et votre générosité sont des preuves que l’on vous dépeint d’une manière infâme.

« Croyez, monsieur le comte, à ma profonde estime, à ma reconnaissance, à mon dévouement et à mon ardent désir de mériter votre amitié ; aussi ne négligerai-je rien pour venir en aide à l’infortunée veuve de M. de Nilof et à son jeune fils, comme j’ai eu l’honneur de vous le promettre.

Karl Marsen. »


Les navigations du Saint-Pierre et Saint-Paul dans des parages inconnus ont fait ranger Béniowski au nombre des explorateurs. Sa relâche à l’île des Eaux en juillet 1771, et son séjour à Usmay-Ligon où était en odeur de sainteté la mémoire d’Ignace Salis, missionnaire portugais de la Compagnie de Jésus[1], épisodes d’un haut intérêt, étant choses étrangères aux débats, il s’abstint d’abord d’en parler. Il ne se fit pas un mérite de sa conduite paternelle à l’égard de l’intéressante Aphanasie de Nilof, et ne dit pas comment, par un retour providentiel de la situation du château des Opales, il avait été conduit à plaider auprès d’elle la cause de son noble ami le vicomte Richard de Chaumont-Meillant.

La douleur filiale de la jeune passagère, sa résignation, ses vertus chrétiennes, le rôle d’hospitalière qu’elle remplit à bord

  1. Voyages et mémoires de Bényowsky, t. II, p. 75.