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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/58

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où son infatigable charité lui valut toutes les sympathies, avaient profondément touché le jeune gentilhomme français. Ses grâces, ses charmes le captivèrent. Auprès d’elle il fut timide. Ce qu’il y avait en lui de frivolité n’était que superficiel ; il s’épancha en peignant Salomée, dont les angoisses émurent Aphanasie :

— Je l’aimerai comme une sœur, comme une seconde mère ! s’écria-t-elle.

Béniowski exerçait sur elle une influence qui s’accroissait chaque jour.

À Usmay-Ligon, dans l’oratoire d’Ignace Salis, le pieux aumônier du Saint-Pierre et Saint-Paul bénit les fiançailles du frère de cœur de Béniowski avec sa fille d’adoption, et de doux espoirs d’avenir tempérèrent de la sorte le douloureux souvenir des événements du Kamchatka.

En France, on retrouverait madame de Nilof, que le loyal Karl Marsen avait juré d’y conduire ; le grand deuil aurait pris fin, et une famille nouvelle entourerait de tendresse celle qui avait été si injustement traitée par ses frères et sœurs.

Hors d’œuvre pour le conseil d’enquête que semblables détails ; il suffisait d’expliquer la présence à bord de la jonque capturée d’un certain nombre de co-accusés, tels que Petrova servante attitrée de mademoiselle de Nilof et que le Kamchadale Chat-de-Mer qui l’avait épousée peu de jours avant l’insurrection.

Ces renseignements n’avaient qu’une minime importance, mais il n’en était point de même de l’accusation capitale d’avoir commis dans l’île de Formose des actes de violence très répréhensibles, d’y avoir troublé l’ordre public, d’avoir dévasté, pillé, massacré, soutenu des révoltes et livré bataille.

Or, le commandant en chef de la station navale française avait mission de ne point tolérer que des sujets français por-