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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/60

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obstiné des hommes quand il s’était logé quelque sottise dans la tête. À la faveur d’un incendie allumé durant la nuit à bord du Saint-Pierre et Saint-Paul, Stéphanof vient d’enlever Aphanasie. On lui a mis un bandeau sur les yeux. On l’a bâillonnée. Elle sent une secousse terrible, comprend qu’elle est en canot, et va être portée à terre dans l’une des îles Pouhou. Le Sanglier-Batave apparaît au point du jour ; Stéphanof n’hésite pas à se rendre à bord et dès qu’il est sur le pont s’écrie en méchant patois prussien :

— Russes !… Captifs !… Pirates !… Asile et protection pour nous !

— Non ! non !… disait Aphanasie en joignant les mains, grâce ! pitié !…

— Madame Estève Finvallen, ma femme, dit Stéphanof.

— Voyez donc, capitaine, ce pavillon inconnu et ce monstre de toutes les couleurs, ajouta un officier hollandais qui observait attentivement le navire de Béniowski.

Le dragon chinois capturé à Formose par le chevalier du Capricorne fut pour Scipion-Marius Barkum une preuve décisive.

— Mettez-moi cette belle dans la dunette et ne perdons pas de temps en niaiseries !… commanda le capitaine hollandais, que l’approche du Saint-Pierre et Saint-Paul rendait fort insensible aux pleurs de sa passagère.

Grâce au vicomte Richard, au chevalier et à leurs intrépides camarades, l’incendie était éteint.

Béniowski avait hissé le pavillon blanc.

— Un pirate qui demande à parlementer, voici du nouveau par exemple ! dit le capitaine Barkum. À la vérité, il n’a que vingt-huit canons, et nous en portons cinquante. Le drôle voudrait s’approcher par surprise et venir à l’abordage… Attention, canonniers ! pointez en plein bois, à couler bas !