Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mordious ! général, vous jouez gros jeu, disait en ce moment le chevalier du Capricorne. Ces fromages de Hollande n’entendent rime ni raison ; n’en espérez rien de bon, croyez-moi !…

Le chevalier parlait encore lorsque, au mépris du droit des gens, Barkum fit feu de sa bordée de tribord qui se logea tout entière dans la flottaison du Saint-Pierre et Saint-Paul.

— Eh bien ?… pas de riposte !… fit le sire de Madagascar avec humeur.

— Tout le monde couché à plat pont !… que personne ne tire sans commandement ! s’écria Béniowski.

— Qu’est-ce que je disais !… ils veulent l’abordage !… mais on sait manœuvrer en Hollande, mes bons petits pirates…

À ces mots, le capitaine Barkum fit éventer ses voiles et prit chasse devant le Saint-Pierre et Saint-Paul.

Le vicomte Richard, jusque-là premier lieutenant, se jetait dans une légère embarcation pour porter secours à mademoiselle de Nilof qui venait de se précipiter à la mer. On ne devait les retrouver ni l’un ni l’autre.

Le plus terrible des phénomènes de la Malaisie, un typhon qui éclata soudain, en fut la cause.


La plainte officielle du capitaine Scipion-Marius Barkum était celle d’un honnête marin ; Béniowski démontra donc aisément qu’ayant été attaqué sans pourparlers, il s’était vu réduit à la nécessité de se défendre.

— Pouvait-il faire autrement ? – À qui la faute ? – Pourquoi Barkum avait-il ajouté foi aux calomnies de Stéphanof, le prétendu Estève Finvallen ? – Le grossier capitaine hollandais, comme son rapport en faisait foi, avait donc pris mademoiselle de Nilof pour une femme infidèle, pour une aventurière.

Ici l’indignation de Béniowski éclata en termes qui devaient