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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/79

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ouverts, la cargaison et les apparaux roulèrent pêle-mêle. Une foule de naufragés furent écrasés ; d’autres disparurent encore, emportés avec les débris.

Quant à l’avant, qui souffrit un peu moins cette fois, on le vit se renverser sur le côté de tribord dans lequel pénétra profondément la fatale roche pointue, cause première du naufrage.

Les trois lames d’ensuite n’arrivèrent pas jusqu’au navire.

Les sept suivantes rejetèrent au bas des récifs un certain nombre de cadavres et quelques matelots accrochés à des espars.

Moins d’un quart d’heure après, une plage d’une lieue de circonférence, s’étendait autour du banc, et Béniowski, secondé par le chevalier du Capricorne, s’occupait de la construction de plusieurs radeaux.

Les moindres instants étaient d’un prix incalculable ; la violence du flux devait évidemment être égale à celle du reflux ; il fallait donc que les radeaux fussent prêts à pousser au large, dès que déferlerait la première lame de la marée montante. Heureusement, parmi les marins français se trouvaient beaucoup d’excellents matelots et de charpentiers habiles. Sans-Quartier, Jambe-d’Argent et les aventuriers de Madagascar, firent des prodiges sous les ordres de leur capitaine.

Ceux des anciens évadés du Kamchatka ou associés qui avaient survécu aux nombreux désastres de la campagne, parfaitement soumis à la discipline, s’utilisèrent avec ardeur.

Trois radeaux chargés de vivres, d’armes et d’ustensiles, pourvus chacun d’une boussole, d’un mât, d’une voile, d’un grand aviron de gouverne et de rames en nombre suffisant, étaient prêts à être lancés lorsque la mer remonta.

Béniowski se chargea de diriger le premier, construit à