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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/80

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vingt-cinq mètres environ de la base du banc de récifs, – dans la direction du nord.

Le chevalier du Capricorne, qui n’abandonna pas son dragon à la merci des flots, prit le commandement du second radeau, très ingénieusement posé sur un échafaudage de barriques vides.

Windblath et un jeune officier de la Douairière avaient disposé le troisième sur des madriers placés eux-mêmes sur deux petites dunes de sable afin qu’il pût être plus aisément mis à flot.

Vint le moment critique de l’appareillage ; – les plus braves pâlirent. De la moindre des maladresses, du plus misérable accident allait dépendre leur salut. – La tempête s’était graduellement apaisée, mais la houle était encore très forte, et chacun avait pu juger, peu d’heures auparavant, de l’impétuosité inouïe des vagues dans ces parages.

Béniowski rangea ses hommes aux avirons, se mit lui-même à la rame de gouverne, et voyant accourir la lame, fit le commandement

— À Dieu Va !

Les vingt avirons poussent le fond à la fois, le radeau flotte ; il est entraîné par la première vague sans raguer le sable. Peu s’en fallut pourtant qu’un choc terrible ne dispersât les frêles espars qui le soutenaient ; car entre la première et la deuxième lame, on manqua de fond ; mais la voile fut déployée à temps ; moins d’une minute après, les marins se sentaient sur plus de vingt pieds d’eau.

Le chevalier du Capricorne ne fut ni moins habile, ni moins heureux que Béniowski.

— Encore une coque de parée !… Et vive Madagascar ! s’écria-t-il.

Mais presque aussitôt des cris de détresse se firent entendre :