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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/98

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commençons à nous ennuyer un peu… Au diable, Madagascar ! allons-nous-en !

— Approuvé ! dit la troupe tout d’une voix. – C’est bientôt dit ! reprit Brise-Barrot… le chemin s’il vous plaît ? – La mer, mille tonnerres ! s’écria Franche-Corde. – Sans navire ? objecta Brise-Barrot. – Nous sortons du fort cette nuit, nous tombons sur ceux de Fanshère, nous prenons leurs pirogues et… en route !

— Oh ! oh ! murmura Colletti, le Napolitain. – Pas de ça, Lisette ! ajouta le Camard. – Bagasse ! fit le Provençal. – Craquer pour craquer ! riposta Franche-Corde avec humeur.

— Il sera toujours assez tôt, dit Jean de Paris, partons pour la chasse aux bœufs, pillons, saccageons, vengeons-nous !… Allons au nord ou à l’ouest, n’importe… mais au large, pour y mourir de faim et de soif… je n’en suis pas, sergent ! – Ni moi ! dit Brise-Barrot. – Ni moi, ni moi, répétèrent les autres. – Que le diable vous élingue ! ajouta Franche-Corde en serrant les poings.

Mais que vouliez-vous qu’il fît contre dix ? – Il alluma sa pipe et alla se percher sur le bastion du sud où il se remit à jurer en monologue avec la verve d’un renégat.

Après le coucher du soleil, Brise-Barrot et le Camard partirent pour la maraude ; le Provençal et le Napolitain prirent la faction du côté de terre derrière deux canons chargés à mitraille ; et l’herculéen Franche-Corde s’endormit à la belle étoile entre Grand-Merci et Colifichet.

Il devait, à minuit passé, être réveillé en sursaut par le cri d’alarme.

Le cri d’alarme jeté par le Napolitain Colletti et par le Provençal son camarade, mit sur pieds toute la petite garnison du Fort-Dauphin.