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Page:La Maquerelle de Londres, 1750.djvu/63

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qui ſe levant un matin, qui étoit juſtement le jour auparavant, que ſon portrait ſût fini, il l’a ſuivi ſans être vû, pour ſavoir, ſi elle alloit à la priere, ou non, elle y fût directement, & y étant reſtée pendant tout le tems, ſon mari eût une ſi grande opinion de la pieté de ſon Epouſe, qu’il commença à Ce blamer lui-même d’avoir eû des mauvaiſes penſées contre elle.


Tout étant preparé chés la Maquerelle, & ſon portrait étant fait tout au mieux, ſa beauté étoit ſi grande, qu’elle ne manquoit pas de chalans. Chaque Cavalier, qui venoit, la choiſiſſoit ordinairement pour beſogner avec elle ; au moyen de quoi elle contentoit non ſeulement ſes deſirs luxurieux, mais elle gagnoit encore de l’argent, ſans derober celui de ſon mari, quoiqu’elle lui faiſoit une plus grande injuſtice d’un autre côté ; ce que ne ſachant, ni ne croyant pas, il penſoit être auſſi heureux qu’on peut l’être en femme : tant vrai eſt le proverbe, que ce que l’œil ne voit point, le cœur ne s’en repent pas.