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Page:La Maquerelle de Londres, 1750.djvu/81

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elle pouvoit entreprendre, faire, & dire, fans ſe rendre coupable du menſonge.

Le complot étant ainſi projetté, la damnable mére s’en alla ſe promener, & trouvant le coureur après les gueuſes, qu’elle cherchoit ; elle lui dit alors, qu’elle avoit été obligée de faire beaucoup de depenſes pour trouver une chauſſure convenable à ſon point. Mais, ajouta-t-elle, elle eſt telle pour la beauté, la naiſſance, & l’education, qu’à peine pourroit-on trouver ſa pareille dans Londres. Il eſt vrai, qu’elle eſt un peu timide ; mais je vous aiderai à vaincre ſa grande modeſtie. Je puis vous aſſurer, que j’aurois pû avoir pour cette affaire dix Guinées du Chevalier R. P. ſi j’avois voulû la lui procurer. Mais j’aime à tenir ma parole, & je vous ai promis auparavant, que quand j’en pourrois trouver une, qui put vous convenir, je vous la procurerois. Mr. Gracelefs ravi d’apprendre cette agréable nouvelle, & pour en marquer ſa reconnoiſſance à la vieille Maquerelle, il lui préſenta une Guinée, avant même d’avoir vû la donzelle, & la vieille encouragée par ce préſent, ne tarda pas à les joindre enſemble. Il fût d’abord charmé de ſa beauté, & de ſa modeſtie