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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/128

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dre à la voix publique. Je la lorgnois en tapinois pendant qu’elle me tenoit ce discours. Quoiqu’elle ne soit pas réguliérement belle, j’avoue que je n’ai point vu en ma vie de figure plus séduisante ; son négligé de lit avoit quelque chose de galant & de tendre qui faisoit un furieux ravage dans toute ma personne : une échelle de rubans nouée négligemment me laissoit appercevoir une gorge divine, adroitement menagée, & dont rien ne pouvoit égaler la blancheur, une quantité prodigieuse de cheveux du plus beau blond du monde tomboient par boucles sur son sein & en relevoient encore l’éclat, elle avoit la main & le bras faits au tour, & ses divers mouvemens me permettoient de les considérer à mon aise ; enfin je ne voyois rien qui ne fût pour moi la source de mille désirs : toutes ces petites observations m’occupoient au point que je fus quelques