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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/171

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je crus m’appercevoir qu’elle rougissoit beaucoup ; elle parut fort embarrassée pendant tout le tems que dura ma visite, & il me fut aisé de remarquer que le même embarras subsistoit & augmentoit chaque fois que je la voyois. Pour moi, dans la liberté que me procuroit un commerce qui dura quelques mois, je découvris tant de qualités adorables dans le cœur & dans l’esprit d’Honorine, que mon amour parvint à un excès capable de produire les plus grandes extrémités. Je sentois que je ne pouvois vivre sans la posséder ; je voyois des obstacles terribles, impossibles même à lever ; je concevois qu’avec un bien si considérable, & tant de vertus dignes de l’adoration de l’Univers entier, il n’étoit pas possible que tous les partis les plus distingués ne s’offrissent à l’envi. Ces idées accablantes produisirent en peu de tems un changement visible