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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/172

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dans tout mon extérieur : je devins rêveur, sombre, au point d’en être méconnoissable. Le Comte de P… qui avoit pris une amitié extrême pour moi, m’avoit prié plusieurs fois instamment de lui ouvrir mon cœur, m’offrant tout ce qui dépendoit de lui, à l’exception de ce qui seul auroit pu me soulager ; Honorine étoit quelquefois présente, je ne répondois aux questions de l’Oncle, qu’en portant sur la Niéce des regards où mon amour & mon désespoir n’étoient peints que trop visiblement ; il me sembloit qu’elle y étoit sensible, je voyois ses beaux yeux attendris, & prêts à répandre des larmes : deux ou trois fois même au milieu de ces conversations, elle étoit sortie brusquement, elle étoit quelque fois une heure entiére sans paroître, & quand elle rentroit on voyoit malgré elle sur son visage toutes les marques de la consternation &