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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/20

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à peine se donna-t-il le tems d’entendre les raisons que le victorieux Prémontré alléguoit d’un air triomphant, que prenant son parti avec chaleur, mon sort fut décidé dans la minute. Sa Grandeur ordonna que je serois tonsuré sans délai, & qu’on me mettroit en état au plûtôt de recueillir une abondance de biens & de faveurs, dont l’Église recompense toujours ses chers nourissons, & dont ils se rendent assûrément bien dignes, en observant exactement la respectable inutilité du genre de vie qu’elle leur impose.

Je fus donc enrôlé parmi ces pieux fainéans, & au lieu de Chevalier on m’appella dès-lors l’Abbé de T… ce ne fut pas d’abord sans répugnance que je me prêtai à la vocation de mon Oncle, mais comme dès que je fus des siens, il s’empara de moi avec une autorité, que la mître & l’opulence donnent, & à laquelle mon Pere