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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/21

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n’osa résister, il sçut si bien me représenter la solidité des avantages attachés à son état, & la facilité qu’il y avoit à le rendre compatible avec tous les plaisirs de la vie, que je commençai peu-à-peu à ouvrir les yeux ; je reconnus qu’en effet le parti le plus sûr & le plus prudent étoit d’en imposer aux hommes, & de vivre aux dépens de leur crédulité & de leur bonne-foi. Je n’avois encore jamais vu d’Abbés que mon Précepteur, & par miracle il s’étoit trouvé sage & honnête-homme ; c’étoit un vieux Prêtre Irlandois, coriace comme un solitaire de la Thébaïde, sale & dégoûtant à proportion de la dévotion qu’il pratiquoit, hérissé de scrupules, de préjugés & de sillogismes, droit & sincére d’ailleurs, mais dont l’extérieur n’étoit pas propre à me donner du goût pour le Clergé. J’étois pour lors bien éloigné d’imaginer qu’il y eût dans