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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/30

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compte toutes les amitiés dont elle me combloit ; la Marquise de son côté, pour répondre à ses intentions, me recevoit avec une liberté & une aisance qu’elle décoroit d’une certaine petite supériorité douce, qu’on s’imaginoit avoir, en vertu de dix ans qu’on avoit au-dessus de M. l’écolier qui n’en avoit que dix-huit ; c’étoit MON PETIT PUPILLE, MON PETIT ABBÉ, enfin mille petits noms, qu’on me donnoit en rougissant toujours un peu, qui faisoient le même effet sur moi, & qui causoient une étrange émotion dans toute ma petite personne. Je profitois avec plaisir de tous les moment où mon Oncle n’avoit point les yeux sur elle pour la fixer avec ardeur : quand j’y pense à présent, il devoit y avoir quelque chose de très-plaisant dans ces regards-là ; j’avois un air moitié sacré & moitié profane, qui auroit dû être fort réjouissant pour un tiers, & le