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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/64

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qui suffisoit pour la satisfaire, car je vois bien aujourd’hui par l’épreuve que j’ai faite de ce qu’excite en nous un véritable amour, que ce que je sentois alors pour la Marquise, étoit uniquement une nécessité d’aimer (je ne sçai si je m’explique) enfin j’y étois trompé : à mon âge cela n’étoit pas étonnant, il ne doit pas même paroître extraordinaire qu’elle le fût elle-même ; je la trompois si bien !

Mes désirs & ma jeunesse à part, je devois trop d’égards à mon état pour m’arrêter en si beau chemin, & pour ne pas soutenir une réputation acquise à tout le Corps, & que je commençois à partager : mes preuves furent si réiterées & si soutenues, que j’aurois affronté l’examen le plus sévére : les caresses les plus passionnées, les propos les plus tendres, se succéderent avec une rapidité qui nous firent passer les heures comme