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Page:La Nature, 1873.djvu/351

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LA NATURE.

vue par devant, montre les pièces R rapprochées en un cylindre de petit diamètre, mais toujours isolées les unes des autres. On y voit également les balais, frottant sur les pièces R, dans le plan perpendiculaire à la ligne des pôles, c’est-à-dire aux points milieux ou neutres M, M’. Il est aisé de comprendre, en se reportant à ce qui précède, que le sens du courant fourni par la machine change quand on change le sens de la rotation.

On voit également que l’intensité du courant augmente avec la vitesse de rotation ; et comme la résistance est constante, on est conduit à penser que la force électro-motrice seule varie ; une expérience grossière nous a montré que la force électro-motrice est proportionnelle à la vitesse, et cette observation a été vérifiée avec certaines réserves par M. Mascart. Quant à la continuité du courant, elle résulte manifestement de ce qui précède ; le mouvement producteur de l’électricité est continu et le circuit n’est jamais rompu, car les frotteurs ou balais commencent à toucher l’un des rayons avant d’avoir abandonné le précédent, et leur nature flexible et multiple fait qu’ils touchent toujours par quelques-unes de leurs parties sinon par toute leur largeur.

Telle est la machine Gramme qui fournit des courants continus comme une pile, des courants constants si son mouvement est uniforme et des courants d’intensité variable à volonté dans des limites assez étendues, avec la vitesse du mouvement. Il est facile de modifier cette machine pour lui faire produire des effets de tension ou de quantité en enroulant sur l’anneau du fil fin ou gros ; la résistance de la source varie ainsi à volonté par la construction de la machine et à ces différentes résistances correspondent des tensions différentes de l’électricité fournie par la machine.

La théorie paraît indiquer que pour une même dépense de force mécanique, la tension varie en raison inverse de la racine carrée de la résistance. On peut considérer la machine Gramme comme un élément de pile et l’associer avec d’autres semblables soit en tension, soit en quantité, pour obtenir des effets qu’on peut calculer à l’avance.

Les personnes qui ont suivi les progrès introduits dans les machines magnéto-électriques depuis M. Wilde remarqueront que ces derniers perfectionnements consistaient au fond dans ce seul point, d’ailleurs fort important ; les aimants excitateurs des machines Pixii et Clarke ont été remplacés par des électro-aimants beaucoup plus puissants, excités eux-mêmes par l’action de la machine. Il va sans dire que cette substitution des électro-aimants aux aimants est applicable à la machine Gramme ; et elle a été réalisée en effet ; c’est au moyen de machines de ce genre qu’on est parvenu à produire les étonnants effets de lumière dont nous parlerons plus loin. Mais la découverte récente, faite par M. Jamin, de nouveaux procédés pour obtenir des aimants d’une force extraordinaire et d’un prix relativement bas soulève une question fort importante[1].

  1. Voy. p 159.