Aller au contenu

Page:La Pêche de la sardine en Bretagne.pdf/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 9 —

Nord et la mer de Norvège. Généralement pour la préparation de la rogue de hareng on se contente de la saler, bien que le saumurage soit préférable.

« Cette rogue est plus dense que les rogues de morue et de maquereau ; son odeur est également plus forte. Dans une mer agitée ou dans un courant c’est elle qui réussit le mieux, parce qu’en coulant vite elle se disperse beaucoup moins.

« Il est rare que les pêcheurs bretons fassent une journée de pêche d’un bout à l’autre en se servant exclusivement de la rogue de hareng : quelquefois ils la mélangent à la rogue de morue ; le plus souvent ils l’emploient pour « lever » le poisson quand celui-ci stationne au fond de l’eau. Dès qu’il est levé et qu’il monte vers le filet, on lui jette de la rogue de morue à des intervalles plus ou moins espacés jusqu’au moment où il convient de haler le filet à bord ; cela s’appelle boëtter, d’un mot breton qui signifie donner à manger. Ces deux opérations, lever et boëtter, constituent les deux phases ou les deux temps de la pêche.

« La rogue de hareng, dont la récolte est généralement abondante, coûte plus cher, environ les 3/5 du prix de la rogue de Bergen.

« Elle a malheureusement un défaut : la peau de ses folles adhère aux mailles du filet, ce qui nécessite un lavage ou un nettoyage supplémentaires.

« Rogues artificielles. — À Douarnenez, plusieurs appâts artificiels furent inventés et expérimentés. Ils étaient pour la plupart composés de farines, de déchets de poissons, de résidus d’huiles et de légumes broyés ensemble. Plusieurs pêcheurs très dignes de foi m’ont affirmé que ces appâts donnaient des résultats satisfaisants, surtout quand on y ajoutait une poignée de bonne rogue. En somme, leur valeur propre n’était pas très grande ; mais ils offraient le précieux avantage de diminuer la consommation de la rogue dont le prix était très élevé.

« J’ai acquis la conviction que ces divers appâts, dont les