Aller au contenu

Page:La Pêche de la sardine en Bretagne.pdf/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 14 —

faire sur les lieux de pêche même ; c’est, par conséquent, signe de bonne pêche.

Le patron, selon le nombre de mille pêchés, selon l’heure ou le plus ou moins d’abondance du poisson, peut arrêter sa pêche ou la continuer. Dans ce dernier cas, il remplace le filet qui vient de pêcher par un autre filet du même moule ou bien il exécute l’opération décrite plus haut, c’est-à-dire qu’il laisse le filet rempli à la dérive, à la suite du filet nouvellement installé pour la pêche.

Cette façon de pratiquer la pêche reste la même dans tous les ports sardiniers. Aucun changement notable n’a été apporté. Nous devons d’ailleurs reconnaître que ce moyen donne d’excellents résultats dans les années de pêche moyenne. Dans les fortes années, la production est même trop grande pour la consommation des usines à conserves et on voit assez fréquemment le pêcheur dans la navrante nécessité de jeter à l’eau le produit de son travail.

Pendant la crise sardinière provoquée par l’absence du poisson, les patrons pêcheurs ont adjoint à leurs chaloupes des canots ou « doris » de 12 à 15 pieds, plus facilement maniables, et sur lesquels on pratique la pêche. Le filet est traîné par le canot, puis, lorsque l’on juge le poisson pris, le bateau principal passe un autre filet qui remplace le premier à l’arrière du canot. Pendant ce temps, la chaloupe fait sa relève au premier filet.

Ce procédé ménage le temps et le travail des hommes et est excellent pour les années de petite pêche. Mais, dans les années d’abondance, il permet de prendre trop de poisson.

Il a amené, cette année, dans les ports de pêche, une crise d’un nouveau genre, celle de la surproduction. La loi de l’offre et de la demande qui régit toutes les transactions commerciales a avili les prix de telle façon que le marin, même avec une très forte pêche, recueillait un gain dérisoire.

Cette situation était aggravée par la fermeture d’une grande partie des usines que la crise sardinière avait atteinte et qui