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Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/436

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tout l’organisme les principes résultant de l’absorption, après les avoir encore fait modifier plus ou moins, dans le foie par exemple où se forme le glycogène…

Ainsi, les divers éléments de notre corps trouvent sans cesse, dans le milieu intérieur l’aliment qui leur est nécessaire et dont ils se servent comme la levure de bière se sert du moût. Si l’on parlait rigoureusement on réserverait le nom d’aliment à ces substances utilisées directement par les cellules de l’organisme, mais on appelle par extension « substances alimentaires » toutes les substances qui, introduites dans le tube digestif, peuvent, après transformation, collaborer à une rénovation convenable du milieu intérieur.

De même que l’aspergillus ou la levure, les cellules du corps humain ont des besoins très précis ; leur nutrition ne se fait pas au moyen de n’importe quoi et dans n’importe quelle proportion. Il faut donc, pour que ces cellules restent en bon état, que la composition du milieu intérieur ne s’écarte pas de certaines conditions données. L’instinct de l’animal le renseigne sur la nature des produits qui, ingérés par lui, peuvent, après transformation et absorption, entretenir dans des proportions convenables la composition de son milieu intérieur. Le jeune animal trouve sa ration alimentaire complète dans le lait de sa nourrice ; l’herbivore se nourrit exclusivement de substances végétales, le carnivore uniquement de viande ; l’omnivore se compose un menu plus varié, mais sa fantaisie ne peut pas sortir de certaines limites ; il faut, d’une part que son alimentation soit complète, d’autre part qu’elle ne comporte pas l’usage de poisons.

L’alimentation est dite complète quand elle contient des matériaux propres à fournir après transformation dans le tube digestif, dans le foie, etc…, tout ce qui est nécessaire aux éléments cellulaires du corps et dans des proportions qui ne s’écartent pas trop d’une certaine moyenne. Le sucre, par exemple, ou la graisse, ne sauraient constituer une alimentation complète, puisqu’ils ne contiennent pas d’azote, mais il y a des manières infiniment variées de se composer une ration alimentaire complète ; les matériaux que nous consommons sont extrêmement nombreux et le deviennent chaque jour de plus en plus.

En appelant aliment, comme nous l’avons fait tout à l’heure, « toutes les substances qui introduites dans le tube digestif peuvent, après transformation, collaborer à une rénovation convenable du milieu intérieur, » nous avons donné de ce mot une définition extrêmement vague et qui peut prêter à de nombreuses équivoques ; il ne sera pas toujours facile de se renseigner expérimen-