Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/86

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que tellement reculée de l’histoire du monde, que nous ne pouvons étudier l’évolution de l’espèce humaine sans remarquer à chaque instant, que les divers caractères acquis par les générations successives et qui sont aujourd’hui les caractères des hommes, ont été acquis par des êtres atteints de diathèse sexuelle, ont été dus, par conséquent, à un ensemble de circonstances dans lesquelles l’intoxication génitale jouait toujours un rôle. Ce sont des êtres sexués qui se sont adaptés aux diverses conditions ambiantes ; il est naturel aujourd’hui, que l’évolution individuelle, résumé de l’histoire de l’espèce, ne soit pas normale en dehors de cette diathèse qui a accompagné toute l’évolution spécifique ; un castrat n’atteint jamais le développement d’un mâle. Il est naturel aussi que le développement individuel soit influencé différemment par des glandes génitales différentes ; or il y a deux types de glandes génitales dans chaque espèce, le type mâle et le type femelle, qui sont caractérisés par la faculté de produire l’un des éléments sexuels mâles, l’autre des éléments sexuels femelles ; il est donc naturel aussi qu’il y ail deux types de diathèses sexuelles et, en effet, il y en a deux.

D’un œuf fécondé qui contient, par essence, les deux sexes, dérive un animal, de l’espèce homme, par exemple. Cet animal serait par lui-même dépourvu de sexe, mais, de très bonne heure naissent de lui des êtres comparables au prothalle de la fougère, les glandes génitales, qui s’établissent en parasites à son intérieur. Pourquoi, dans certains cas, ces glandes génitales sont-elles aptes à donner uniquement des éléments mâles, dans d’autres cas, uniquement des éléments femelles ? Mystère des mystères ! Nous ne savons rien des causes qui font apparaître chez un individu issu d’un œuf, une glande de tel ou tel sexe. Constatons-le sans l’expliquer.

Quoiqu’il en soit, de même que toutes les fougères, dépourvues de sexe, sont identiques, de même les enfants des hommes seraient identiques, si des diathèses différentes, provenant de glandes sexuelles parasites différentes, n’apportaient de bonne heure dans leur évolution des influences différentes. On ne sait pas distinguer, aux premiers temps de la gestation, le fœtus qui sera un homme de celui qui sera une femme ; l’apparition des parasites sexuels introduit dans l’évolution individuelle des divergences extrêmes. Je le répète, nous ne savons pas pourquoi, chez les fœtus, il apparaît quelquefois un parasite mâle, quelquefois un parasite femelle, mais du moment que ce parasite a apparu il intervient activement dans la morphologie et la physiologie des jeunes individus. ; déjà au moment de la parturition, nous savons